On parle de nous

Publié le 18 octobre 2023 dans Evénements / Actualités.

On parle de nous dans la presse!

 

VINS DE CASTILLON

La dégustation sise à la Maison du Vin de Castillon, sous la tutelle de l’Organisme de Défense et de Gestion et de son président Thomas Guibert, a révélé que certaines appellations pouvaient se hausser du col, arborer de beaux et larges sourires, tant qu’opère la pédagogie. L’exercice consistant à regrouper les vins autour de leurs sols et sous-sols a rendu hommage à une grande et belle appellation.

TERROIR D’EXCEPTION

Ni Côtes, ni Libournais, ni rive droite…

Quelques remarques liminaires importantes pour débuter ce cycle. Commençons peut être par clarifier une situation, un acquis. Ni Côtes de Bordeaux, ni Libournais, ni rive droite ou alors tout ça à la fois et dans ce cas quel casse-tête pour le consommateur ! Ces trois déterminations géographiques floutent l’AOC comme sa localisation et finissent par ne plus distinguer cette dernière de Saint-Émilion ou encore de Fronsac. Une AOC dont la porte d’entrée et de compréhension serait Castillon nous paraît tout indiquée. Elle est une destination historique. Nous laisserons donc ces terminologies à l’institution et retiendrons ce que le président Thomas Guibert nous en dit : « Castillon est une appellation qui coche toutes les cases. Un terroir d’exception, une biodiversité naturellement présente. Enfin, c’est la signature calcaire de la rive droite. »

À l’aveugle mais pas à tâtons

La dégustation syndicale, et à l’aveugle, qui nous occupe a réuni 45 échantillons du millésime 2019, tous issus de l’appellation de 1 800 hectares. Une AOC, quitte à en froisser quelques-uns, dont nous pourrions dire que le Domaine de l’A ou le Château d’Aiguilhe constituent la partie visible. On peut en toute sérénité dire qu’elle est aussi un lieu où pépites et vignerons bio constituent de belles cuvées à commencer par Clos Louie ou encore Château Franc La Fleur. À en croire le vénérable Hugh Johnson, elle ne serait pourtant qu’une sorte d’appendice mal défini et l’unique prolongement de Saint-Émilion. Cette dégustation révélant qu’elle en a effectivement les attributs pédologiques (voire plus) mais définissant surtout que son paysage, sa géographie, ses sols, ses pratiques et praticiens lui permettent de sortir de l’ombre de sa vénérable et (parfois) encombrante voisine.

La clé des sols

Demande expresse : regrouper les vins selon les sols et sous-sols dont ils sont issus. Les équipes de l’ODG se sont diligemment pliées à la contrainte rendant ainsi cette dégustation incommensurablement supérieure à bien d’autres effectuées récemment, ou, plus exactement, passionnante. Parce qu’elle demandait à cartographier le lieu de production, à distinguer les zones et reliefs, finissant par lui donner une existence tangible. Votre serviteur met au défi quiconque de cartographier correctement une zone de production aussi vaste et disparate que l’Entre-deux-Mers, par exemple. On définissait les pieds ou bas de côtes, les côtes, les plateaux et en tout sept terroirs : sables, argilo-limoneux, argile, argilo-calcaire, bord de plateau calcaire, plateau calcaire et talus-corniche calcaire. Une carte pédologique, présente en salle de dégustation, illustrera finement cette répartition. On repère alors qu’un immense plateau calcaire traverse l’AOC, garant souvent d’une belle matière, d’une matière vineuse complexe. Bien entendu, nous ne nions pas aux vins des parties argilolimoneuses la possibilité d’être grands.

Choisir, c’est renoncer…
Les sols sablonneux révèlent quelques vrais talents, dont le Château Lescaneaut, qui s’est présenté plein de fringance et de fraîcheur avec un fruit sain et un jus parfaitement digeste. Distinguons également le Château Franc La Fleur, qui, dans un registre différent, convoque en bouche des fruits plus mûrs, une matière suggérant la gelée de cassis. Aimable et en construction. Issus de sols argilo-limoneux, retenons l’impeccable Château Bréhat avec sa bouche large et crémeuse, ses jolis tannins aux grains très fins. C’est suave et déjà très charmeur. Le Château Alcée tire également son épingle du jeu avec son nez de sous-bois et sa bouche vibrante autour de fruits frais. Les argiles-profondes révèlent un vin tout à fait complexe et gracile avec le Château Les Armes de Brandeau. Le nez floral, – on pense à la rose –, la bouche tendue, dense annoncent de grandes choses à venir. Dans les argilo-calcaires, nous avons jeté notre dévolu sur le Château Côte Montpezat. Au nez, éclatent les fruits noirs ou le tabac, la bouche se révèle, elle, suave et fraîche. C’est diablement sapide. Château Lamartine joue une magnifique partition avec au nez des notes de cassis et de myrtilles. Le fruit se fait plus suave en bouche, presque confituré sans jamais perdre en tonicité. Château Belcier est un vin élégant qui convoque au nez des notes d’élevage soigné. La matière est crémeuse et ferme.

Des vins sur un plateau
Pas encore exténués, nous arrivons sur le plateau calcaire. Ici, les attentes sont fortes. Nous ne serons pas déçus. Décernons une première palme au Domaine de l’A avec une bouche dont émerge un magnifique coeur de fruit, quelque chose de charnu. C’est encore un peu serré, mais voici un jouvenceau bigrement prometteur. Château La Croix Lartigue affiche les attributs des grands vins : large en bouche et d’une finesse tout à fait spectaculaire. Le jus est net et sans artifice. Le Domaine du Cauffour possède une classe tout à fait à part. Le nez est finement épicé, la bouche, en retenue, possède une profondeur étonnante et les tannins sont déjà en place. Nous retiendrons pour finir ce compte rendu de dégustation, le Château d’Aiguilhe, au nez assez mûr déjà, évoquant les fruits noirs. La bouche est finement acidulée et ferme à la fois… Si pour Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais « tout finit par des chansons », ici il en va autrement, pour finir, passage à table, redécouvrant la vraie vocation de tout vin : accompagner un bon repas. Merci au restaurant La Pointe à l’Os, restaurant du chef Julien Maillaud, à Saint-Philippe-d’Aiguille ; table hautement recommandable… accompagnée de vins d’ici.

Par Henry Clemens

JUNKPAGE99 –  p48